jeudi, mai 17, 2007

Maison et pain dans ta gueule



C'est la magie de Cannes. Profitant d'être parisiens pour au moins cinq jours de suite (ce qui est assez exceptionnel), Elena et moi-même avons décidé de dilapider nos premiers billets-pas-chers-subventionnés-par-le-CE-Philips en allant voir deux films: A casa nostra et Notre pain quotidien.

Le premier est un joli film se jouant à Milan. Il suit différents personnages (chef de banque verreux, aspirante mannequin, flique de la répression des fraudes, vieux bonhomme épicurien, prostituée roumaine...) dont les destins vont se croiser de manière plus ou moins frontale.
Ces intrigues qui se croisent sont racontées avec habileté et sans tape-à-l'oeil, ce qui met en valeur les personnages (servis par de superbes acteurs, dont celui de Montalbano). Le contrecoup est que le film en devient très sobre sur la forme, et qu'il peut donc ressembler à un telefilm à un spectateur peu attentif.
Alors soyez attentifs, bordel, et vous apprécierez ce petit bout d'Italie, avec des vrais morceaux de pourris, mais aussi de généreux et de naïfs, dedans.

Notre pain quotidien est quand à lui un grand documentaire. Il nous dévoile les dessous du fonctionnement de l'industrie agro-alimentaire. On voit ainsi par exemple comment les poussins sont triés, les vaches fécondées, les asperges ramassées, les cochons dépecés, tout ça automatiquement dans une belle efficacité asseptisée.
Le réalisateur, implacable, plante sa caméra face aux différents rouages de cette belle industrie (subventionnée pour bonne partie par nos impots, rappelons-le), et sans commentaire aucun, nous explique par l'exemple le fonctionnement mécanique du rouage en question. Fonctionnement qui peut parfois émouvoir les plus jeunes, car ces jolis rouages brassent des centaines de vies animales ou végétales.
Ce film est une superbe réussite. On a beaucoup parlé de sa beauté formelle, alliant révêrie hypnotique et dénonciation politique. On a fait des gorges chaudes de la puissance de sa narration, sobre et implacable, réussissant à tenir en haleine le spectateur avec des longs plans séquences devant des dispositifs industriels et leurs opérateurs au regard vide.
Mais c'est un autre point qui retient mon attention. Ce film est une ode vribante à l'intentivité des ingénieurs du monde entier qui se sont alliés pour rendre le monde plus efficace, plus asseptisé, et donc meilleur. Ah il faut voir ces toboggans à poussins coupant en deux les mâles, ces éventreurs à poissons suivis d'un souffle par les aspirateurs à boyaux, ces masturbateurs à oliviers permettant d'aspirer les olives tombées au sol plutôt que de les ramasser... Bravo les artistes, le Monde vous dit bravo!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

grrnggnenenegggrrrrrr.